Je me suis perdue dans la maternité
ou une plongée dans le vertige identitaire de ma maternité
Cher toi,
Bienvenue dans cette quatrième lettre d’Apprentie Mama. Que tu viennes de me découvrir ou que tu me suis depuis le début, du fond du cœur merci.
Chaque mère est unique. Il n’y a pas d'égalité face a la maternité. Ici, je propose d'apporter mon regard sur mon vécu, mes défis, mes apprentissages. J'espère en tout cas, que mon histoire trouvera un écho en chacun d'entre vous.

Je t’embarque pour :
La confrontation à la réalité é
C’était mieux avant
Mes actes parlaient plus fort que mes mots.
Oublie moi
Une mise au point
Une proposition à emporter si …
La confrontation à la réalité
C’était un jour de septembre. Sur notre lit, un bébé dormait. Je m’allonge à côté de lui. J’observais en silence son trait, ses petites mains, ses ongles. Je restais béat, devant une telle magie de la vie. Il s’est endormi après sa 4e tétée de la matinée. Je n’arrivais pas à m’assoupir comme le petit bonhomme en bleu. Je devais pourtant.
Mon mari entrait dans la pièce, sur les bouts du pied, avec notre livret de famille à la main.
- Ça y est, tu l’as ?
- Oui, tiens.
J’ai tenu entre mes mains l’acte de naissance de mon fils. C’est officiel. Je suis une mère pour 2 êtres. Sacre responsabilité.
J’ai lu et relu le nom qu’on vient d’inventer pour lui. Sourire au coin. Mes yeux me conduisent à lire la suite : le nom de son père, son âge, sa profession. Rien à signaler. Viennent ensuite mon nom, un peu long, mon âge, aucun commentaire, ma profession. Stop. Il est écrit : ménagère.
Indignée, j’ai failli froisser le papier. Ils ont changé : mère au foyer en ménagère Pourtant, c’était moi qui ai complété la fiche de déclaration de naissance avec la sage-femme à la maternité. J’ai mis “mère au foyer”. Finalement, ils ont décidé que mère au foyer n’a pas sa place dans un document officiel. Va pour ménagère, point.
Je ne l’assume pas.
Ça parait un détail. Mais c’était la goutte de trop.
Me poser de questions sur moi-même me paraissait inapproprié. jusqu’à ce qu’on m’assigne ce rôle.
Et là, une question a surgi :
❓Si on m’enlève mon statut de mère, de fille, d’épouse… qui suis-je ?
Vide. Rien
Un sentiment de vide m’habitait, endolorissant tout mon être.
Je suis perdue.
Tout a changé. Sauf : mon nom, mes origines, la couleur de mes yeux, ma morphologie - mon ADN.
Ma vie est devenue un grand bazar. Mon apparence me témoigne de ce chamboulement. Je me frustre en voyant mon reflet dans la glace : ventre flasque, seins moues, cernes de panda, des rides qui se creusent, regards ternes. Seulement, c’était juste la partie visible de l’iceberg.
Ma joie de vivre s’est égarée en chemin. Je me morfondais en silence en défilant mes photos d’avant.
C’était mieux avant …
Avant j'étais la fille active... je suis la fille aînée. Je faisais des études. Je menais ma barque où bon me semble. Et ça me suffisait. Puis, il y a eu mon premier job. Je me souviens encore combien j'étais fière de répondre à : ça faisait longtemps, tu fais quoi maintenant ?
Je prenais du plaisir à raconter mes anecdotes du bureau, le dernier projet que j'avais mené. Un peu pour dire : tu vois, je fais quelque chose de ma vie. J'avais un titre à brandir. Je me suis délectée de l'attention qu'on m'accordait.
Je m’y étais habituée.
Maintenant, je ne suis plus maître de mon temps. Je dois inclure 2 êtres (3 + le mari) dans mes prises de décision. Mes préférences, mes certitudes ne servent plus à rien. Ma liberté se rétrécit à vue d'œil. Mon espace de vie, mon espace mental se font envahir. Mon corps ne m'appartient plus. Mes priorités sont bouleversées.
J’étais impuissante. Et je ne pouvais pas y échapper.
Mes actes parlaient plus fort que mes mots.
Je n’avais aucune idée de comment combler ce vide.
"Autant honorer mon devoir : être une bonne mère au foyer. Je ne me tolérais aucun écart, être à la hauteur de je ne sais quoi. J'ai redoublé d'efforts. Je me suis surinvestie : repas à l'heure, ménage impec, goûter fait maison, allaitement exclusif, zéro écran.
Petit à petit je me suis laissée engloutir.
Je me suis coupée du monde. Mon filtre a changé de teint, en noir. Je me suis mise à douter de ce que je suis, de mes valeurs, de mon utilité, du sens de mon choix, de ma légitimité. J'ai fini par embarquer mes pauvres petits dans ma noirceur. Un piège géant s'ouvrait sur moi.
La jalousie devenait ma meilleure copine. Avec elle, je complotais des histoires qui ne tiennent pas debout. J'enviais ces femmes qui menaient autant de projets sur leurs épaules. Je me comparais aux mamans qui déposaient leurs enfants à l'école, laissant sur leur sillage un doux parfum. Tout le monde y passait : mon mari, mes sœurs, une inconnue croisée dans la rue, (heureusement que je n'étais plus sur les réseaux sociaux)."
J’étais incapable de sortir de cet état.
“Arracher le papier peint de ce conte de fées qu’est la maison familiale ou le confort et le bonheur des hommes et des enfants ont été prioritaires, c’est trouver en dessous une femme épuisée, qui ne recoit ni remerciement ni amour et qu’on néglige” - Deborat Levy
Oublie moi
J’ai longuement été dans le déni. Je me suis convaincue qu'être mère devrait me combler.
Mensonge.
La vérité. Je me suis oubliée. Je m’accrochais à ce fragment de mon identité. Comme si ce statut de mère masquait tout le reste de ma personne. Comme si le fait de donner la vie rendait toutes les autres sphères de ma vie secondaire. J’y reviens sans cesse, comme si c’était la seule chose qui en vaut la peine à mes yeux. Mes fonctions maternelles me définissaient.
Je me suis limitée à cette partie de mon vécu, mon horizon de vie avec.
Quand, mes proches me reprochent d’être : susceptible, distante, tu t’isoles, tu te dévalorises trop.
J’en reviens toujours à ce discours : il ne voit pas tout ce que je fasse pour eux. J’avais besoin de faire plus, sans jamais m’arrêter. Un cercle vicieux.
J’axe mes jugements de valeur sur ce que je fais. Tant que je ne fais pas assez, je ne suis personne. Je ne m’aimais.
C’était malheureux. Je passais à côté de l’essentiel : M’aimer pour pouvoir aimer.
“Le jour où je me suis aimée pour de vrai, j’ai cessé de désirer une vie différente. Et j’ai compris que tout ce qui m’entourait m’invitait à grandir.”
— Kim Mc Millen
Une mise au point
La plus belle des leçons, c’était ma fille qui me l’a rappelé (comme toujours). En rentrant d’école, ce jour-là, elle m’avait dit. Je m’aime beaucoup Neny. Étonné, aucun mot n’est sorti. Cette déclaration d’amour a soi, je serai incapable de me l’offrir.
Est-ce que j’aime ce que je suis devenue ?
Je ne sais pas.
En-tout-cas, j’essaie. Je fais l’effort de me réconcilier avec les autres aspects de ma vie. Je m’autorise petit à petit s’ouvrir à d’autres horizons (la raison de mon venu ici).
Je me laisse la liberté de me réinventer sans cesse a travers mes actions, mes expériences, mes choix.
Une liberté vivante qui s’éprouve par l’action – Julia de Funès
Aujourd’hui, j’envisage ma vie comme constituer de différents piliers où chaque pilier contribue à me faire grandir, à m’apprendre et à m’épanouir en tant que : femme, mère, créatrice, être vivante,...
J’ai fait le deuil d’une image parfaite, illusoire. Je choisis de renoncer à certaines ambitions, pour accueillir ce qui est.
Je me laisse guider par ma curiosité (parfois, un peu trop).
On ne subit pas un lieu de naissance, un trait de caractère, une origine. Ou en se limitant a un évènement vécu. Au contraire, quand on prend possession du récit de notre vie on se l’approprie. On en assume la responsabilité. – Marie Robert
Une proposition à emporter si
Et si la lueur d’espoir pour nous sortir de notre tempête était là, en nous ?
Si tu te trouves dans un virage de ta vie, tu t’égares, où tout te semble fade et vide.
Offre toi “ta présence”.
Oui, c’est inconfortable.
C’est le remède qui m’aide à aller un peu mieux chaque jour. Pour ne pas perdre ma boussole.
Donnons nous la possibilité de revenir a nous : du silence, du repos, du répit. Respirons.
“Nous sommes les seuls à vivre ce que nous avons à vivre”. Marie Robert
C’est tout pour aujourd’hui 🙏
✨PS : Je suis là pour créer du lien. Si le cœur t’en dit tu peux me répondre.